Tradwives ou parfaites épouses pour mâles alpha

Démarré par m.Jojo, Septembre 20, 2025, 04:55:22 PM

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enjauladito

Interessant article, merci m.Jojo de nous refléter la presse de ta Belle Province !

Perso, je peux vivre avec l'idée qu'au privé, certaines Femmes sont heureuses avec leur conjoint dans ce type de relation de couple et que c'est ce qu'il leur faut ; de la même manière, symétriquement, que d'autres couple se réalisent le mieux dans une relation gynarchique où la Femme tient la position haute. Ce qui me gêne plus est la récupération politique de cette revendication de pouvoir vivre en trad-wife, qui arrange bien les tenants d'un conservatisme obscurantiste, nationaliste, machiste et suprémaciste qui a fait et continue à faire tant de mal dans nos sociétés !

L'invocation de la tradition religieuse par ces tenants de la tradition oublie que si les religions ont effectivement été vectrices de traditionalisme, elles n'ont pas moins été aussi souvent des ferments progressistes. Ainsi par exemple, en 2020, le pape François a publié "Un temps pour changer". Dans cet ouvrage, il explique qu'en « nommant des femmes à divers postes de la hiérarchie du Vatican, il a souhaité qu'elles influencent la vision et la mentalité ». Par ces nominations, il a montré que la place des femmes était aussi dans l'influence, dans la prise de décisions à des niveaux importants ; et que cela pouvait être rémunéré sans être irrespectueux pour la nature de la femme.
Déjà Jean-Paul II, dans une Lettre aux femmes (1995) écrivait : « Merci à toi, femme-au-travail, engagée dans tous les secteurs de la vie sociale, économique, culturelle, artistique, politique, pour ta contribution irremplaçable à l'élaboration d'une culture qui puisse allier la raison et le sentiment, à une conception de la vie toujours ouverte au sens du mystère, à l'édification de structures économiques et politiques humainement plus riches. » Et encore : « Mon merci aux femmes prend donc la forme d'un appel pressant pour que tous, en particulier les États et les institutions internationales, fassent ce qu'il faut pour redonner aux femmes le plein respect de leur dignité et de leur rôle. Je ne puis m'empêcher, à ce sujet, de manifester mon admiration pour les femmes de bonne volonté qui se sont consacrées à la défense de la dignité de la condition féminine par la conquête de droits fondamentaux sur les plans social, économique et politique, et qui ont pris courageusement cette initiative en des temps où cet engagement de leur part était considéré comme un acte de transgression, un signe de manque de féminité, une manifestation d'exhibitionnisme, voire un péché! »

Amen, bénies soient nos KH aimées et un chaste dimanche à leurs serviteurs encagés !  ;D  ;D  ;D
enjauladito
« El pàjaro enjaulado encontra su libertad en la mirada de su Reina »


Phiphi22

#2
Bouh.... quel pavé !
J'ai compris l'essentiel, mais ne suis pas sociologue....seulement  modeste financier....les sous, connais !....le reste.....
Réflexion intéressante, au demeurant !
Ne jamais prendre la vie trop au sérieux , on est sûr de ne pas en sortir vivant !

m.Jojo

Ci-dessous, un copié/collé d'un article que j'ai trouvé très intéressant et qui devrait générer des discussions. C'est un peu long, mais très intéressant.
https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2025-09-20/tradwives-ou-parfaites-epouses-pour-males-alpha.php

"Parallèlement au mouvement masculiniste qui envahit la toile et prêche des sornettes à profusion, on trouve de plus en plus dans les réseaux sociaux des filles qui font écho à leur idéologie de domination et s'affiche comme des tradwives. Le Québec n'échappe plus à cette offensive venue de la droite religieuse américaine. La série d'articles publiée par la journaliste Fannie Arcand il y a une semaine dans ces pages m'a vraiment fait sursauter⁠.

Cela dit, entendons-nous bien, je crois profondément qu'une femme a entièrement le droit de préférer rester à la maison, d'avoir beaucoup d'enfants avec son conjoint, de lire la Bible et de s'occuper du foyer. Là n'est vraiment pas mon motif d'indignation.
Ce qui me dérange comme papa d'une jeune fille, c'est quand cette même personne décide de monter en chaire dans les réseaux sociaux pour faire la promotion de son choix et le présenter comme une vertu sociétale qui gagnerait à devenir la norme.
En effet, il faut être dupe pour ne pas réaliser que derrière lesdits choix, si volontaires semblent-ils, il y a souvent une « manosphère » qui encourage et complimente ces femmes s'inscrivant ostensiblement dans leur idéologie misogyne.

Cette agente de recrutement finit tellement par croire à la cause qu'elle oublie que ce qu'elle considère comme un choix personnel, la droite religieuse travaille à en faire une obligation et un devoir de soumission à une volonté divine.

Il suffit de s'intéresser un peu à l'histoire des luttes féministes pour l'accès au droit de vote pour réaliser que le phénomène n'est pas nouveau. Lorsque quelques centaines de femmes de fédérations et de groupes féministes ont marché jusqu'à l'Assemblée législative, sous le gouvernement d'Adélard Godbout en 1940, pour réclamer l'adoption du suffrage féminin, il y avait aussi des opposantes pour critiquer leurs demandes avec la bénédiction discrète du patriarcat et des autorités religieuses.

Une bonne partie de ces ennemies de la cause faisaient partie de l'élite conservatrice proche de l'Église catholique. Que disaient ces antiféministes pour nuire à la lutte que menaient leurs sœurs ? Un peu la même chose que ce qu'on entend aujourd'hui sortir de la bouche des influenceuses se décrivant comme des tradwives pour servir les projets de la droite religieuse américaine.

Elles racontaient, entre autres, que le suffrage féminin menaçait cette valeur fondamentale qu'est la « complémentarité des rôles » dans un couple. Elles redoutaient que le droit de vote n'éloigne les femmes de leurs devoirs domestiques. Certains groupes anti-suffragettes trouvaient même que les femmes n'avaient pas besoin de choisir, parce qu'elles étaient déjà représentées par leur mari dans l'arène politique.

Sous les acquiescements silencieux du clergé, des associations de dames catholiques voyaient dans le droit de vote des femmes la chronique d'un désordre social annoncé, une instabilité que l'Église associait à un certain risque de voir arriver au pouvoir des partis anticléricaux. Pour protéger leur propre zone d'influence, les autorités religieuses encourageront certaines antiféministes qui ne pouvaient envisager la place de la femme ailleurs que dans les affaires familiales et la charité chrétienne à se positionner comme des influenceuses et faire valoir leurs idées dans les journaux.

Disons, en résumé, que les idées cléricales que charriait cette lointaine fronde antiféministe sont en phase avec les idées des tradwives américaines qui font des émules au Québec et au Canada, idées indissociables de la droite religieuse favorable à Donald Trump.

D'ailleurs, des pasteurs chrétiens identitaires appartenant au CREC (Communion of Reformed Evangelical Churches), des religieux proches du trumpisme, ont récemment fait la manchette sur le sujet. La vidéo relayée par Pete Hegseth, secrétaire à la Défense des États-Unis, proposait de revenir à ce système de vote par foyer où les pères de famille seraient les seuls mandataires.
Mais que cherche ultimement cette frange chrétienne qui instrumentalise l'antiféminisme numérique ? À mon avis, elle cherche à retourner l'Amérique avant le Voting Rights Act de 1965 qui a été signé par Lyndon B. Johnson pour interdire la discrimination raciale dans l'exercice du droit de vote. Je m'éloigne ici du sujet en parlant de racisme, mais pas trop. En effet, ces deux systèmes d'exclusion sont souvent liés.

En arrière de cette idéologie antiféministe qui fait une peau neuve dans les médias sociaux, se cache aussi le suprémacisme blanc américain, une nébuleuse où la misogynie, la xénophobie, l'homophobie et la transphobie marchent main dans la main.

Donald Trump cache à peine sa volonté de redonner à l'Amérique sa blancheur plus que sa grandeur. La preuve, on ne voit presque que des hommes blancs autour de lui. Ce qui ne doit certainement pas déplaire à cette mouvance religieuse qui s'accroche à son projet de plus en plus totalitaire pour faire avancer son propre programme.
Toute cette effervescence qui incite à une augmentation de la natalité, un retour des femmes au foyer est en grande partie l'expression de gens qui craignent que la mainmise des hommes blancs sur le pays ne s'affaiblisse. Si on gratte un peu, les thèses du « grand remplacement » ne sont jamais loin du fameux Turning Point USA, cette entreprise hyperconservatrice qui faisait la notoriété, et surtout la fortune, de Charlie Kirk.
Donald Trump propose des incitatifs en faveur de la natalité en même temps qu'il expulse massivement des personnes venues d'ailleurs qui travaillent déjà dans le pays. Où est la logique ? Elle est en grande partie dans l'origine ethnoraciale.

Cette frange du nationalisme identitaire américain avance désormais à visière levée et considère l'utérus de la femme blanche comme une arme de résistance.

Pensez ici à J.D. Vance et sa déclaration sur les childless cat ladies (les « femmes aux chats sans enfants ») ou à Charlie Kirk conseillant à Taylor Swift de se soumettre à son conjoint et de lui faire beaucoup d'enfants. Il y a aussi le cas d'Elon Musk qui se prend pour un Starbuck porteur d'une « semence de génie ». La richesse et le pouvoir ont réussi à convaincre M. Musk qu'une dissémination de sa génétique ne peut qu'être bénéfique pour l'humanité. Comment faire comprendre à un mégalo de sa trame qu'il n'est pas plus important qu'un pissenlit dans la biosphère ? Pourtant, la planète a bien plus besoin d'un pissenlit que d'Elon Musk ou de Boucar Diouf.
Au moment où la biodiversité agonise, victimes de la surreprésentation et de la gourmandise de notre espèce, l'anthropocentrisme sur fond de religion amène ces gens à penser que la nécessité de décupler leur succès reproducteur est plus importante que tout le reste.

Dans le contexte, mieux comprendre le phénomène des tradwives nécessite de s'intéresser aux apôtres qui félicitent, encouragent et couvrent ces appâts de compliments pour mieux les assujettir à leur entreprise liberticide. Évidemment, il faut ajouter la part de l'argent à cette équation, car tout cet écosystème est aussi monétisable. Comme le dit une sagesse yankee : Follow the money. Autrement dit, si l'on veut bien comprendre, suivre l'argent est la meilleure des pistes d'enquête au pays de l'oncle Sam. Or, les médias sociaux ont hissé la discrimination sous toutes ses formes au rang d'une des business les plus lucratives du capitalisme numérique, surtout en ces temps d'anxiétés identitaires sur fond de crise climatique et d'immigration de masse.

Pour aider vos jeunes à s'éloigner de ces inepties, pourquoi ne pas leur faire lire le bouquin de la grande Micheline Dumont intitulé le Le féminisme québécois raconté à Camille ? Ce n'est pas la première fois que j'évoque ce livre dans une chronique. En ces temps où la misogynie se drape dans un nouveau champ lexical pour séduire plus large, je crois même qu'on devrait en faire une lecture obligatoire à la fin du secondaire.

On gagne à garder nos enfants bien loin des idées de cette Amérique trumpiste qui avance chaque jour vers le précipice, à leur dire qu'il y a une grande liberté existentielle dans le fait d'être autosuffisant quand vient le temps d'assouvir ses besoins vitaux dans la pyramide de Maslow. On gagne surtout à leur faire comprendre que la vraie liberté, c'est d'avoir le courage, le droit et les moyens de partir quand notre partenaire ne fait plus la différence entre aimer une femme et posséder une femelle. Je ne crois pas que ces principes de base au cœur du féminisme fassent partie du discours des tradwives."
La sagesse est la première de toutes les vertus.
"Le mariage est un duo ou un duel" - Émile Augier